Nouvelle Loi Anti Ultra Fast Fashion Du 10 Juin 2025, Ce Qui Va Changer

Enfin les choses bougent ! Plus d’un an après son adoption à l’unanimité par l’Assemblée nationale, le sénat a approuvé, mardi 10 juin, une proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental et social de l’ultra fast fashion. Il était temps ! Depuis bien trop longtemps, ce mode de consommation s’est imposé comme une norme dans l’industrie textile : une production massive, des prix cassés toute l’année, des collections qui changent toutes les semaines. Le tout au prix d’un désastre environnemental et humain. Concrètement, qu’est-ce qui va changer avec cette loi anti ultra fast fashion ? C’est ce que je vous propose de découvrir.

loi anti ultra fast fashion

Loi anti ultra fast fashion crédit photo canva.com

Nouvelle loi anti ultra fast fashion du 10 juin 2025, ce qui va changer

L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde, elle est responsable de près de 10% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales. Chaque seconde, l’équivalent d’un camion de vêtements est déversé dans des décharges à ciel ouvert, de véritables cimetières de vêtements invendus ou déjà portés.

Mais qui a provoqué ce désastre ? L’arrivée de géants du textile à (très) bas prix tels qu’AliExpress, Shein ou Temu. Chaque jour, des milliers de nouveaux articles (900 fois plus de produits qu’une enseigne française) sont mis en ligne avec pour objectif : vendre le plus grand nombre possible de pièces. Pour faire craquer les consommatrices, une stratégie implacable : des promotions et des réductions qui créent un sentiment d’urgence, suscitent l’envie et déclenchent l’achat impulsif, même chez les plus raisonnables.

Mais derrière les petites robes à 5 euros ou les tops tendance à 2 euros dénichés sur ces sites chinois, il y a des réalités bien moins glamour :

– ouvriers sous-payés contraints de travailler de longues heures dans des conditions indignes (aucune protection sociale ni syndicale, ateliers insalubres),

– gaspillage massif de ressources,

– pollution de l’air, des sols, des océans et des rivières.

Ce modèle économique basé sur l’hyper-rapidité et l’ultra-volume pousse à la surconsommation et rend impossible toute production éthique ou durable.

Autre conséquence de l’ultra fast fashion, et non des moindres, les enseignes françaises de prêt à porter se retrouvent en grande difficulté. Incapables de rivaliser face à des acteurs ultra-rapides et à (très) bas coûts, certaines se retrouvent dans l’obligation de fermer des boutiques voire de subir une liquidation judiciaire tels que Jennyfer et Pimkie.

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Quand la fast fashion est-elle apparue en France ?

La fast fashion en France a commencé à se développer réellement dans les années 1990, avec l’arrivée de grandes enseignes internationales comme Zara et H&M, qui ont révolutionné le secteur textile. Ce modèle repose sur la production rapide et à moindre coût de vêtements inspirés des tendances vues sur les podiums, pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

Fast fashion vs ultra fast fashion : quelle différence ?

Fast fashion : des marques comme Zara, H&M, Kiabi ou Primark misent sur des collections renouvelées toutes les 2 à 4 semaines. Les prix sont bas, les stocks tournent vite et les tendances sont suivies au plus près.

A noter que ces enseignes créent de l’emploi en France, payent leurs impôts en France et sont dans l’obligation de proposer des produits respectueux des normes et règles européennes.

Ultra fast fashion : des marques installées en Chine telles qu’AliExpress, Shein ou Temu produisent des milliers de modèles par jour, adaptés en temps réel aux tendances des réseaux sociaux. On craque pour leurs prix très attractifs défiants toute concurrence, on les porte souvent une seule fois voire jamais. C’est une mode addictive et jetable aux conséquences dévastatrices.

Il a été constaté de nombreux problèmes de non-conformité de certains produits qui ne sont pas sans risques pour la sécurité et la santé des consommateurs.

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Qui a proposé cette loi anti ultra fast fashion ?

La loi adoptée ce mardi 11 juin 2025 au Sénat est en réalité l’aboutissement d’un premier texte déposé en janvier 2024 par la députée Horizons de Haute-Savoie : Anne-Cécile Violland. Cette version initiale visait à réduire l’impact environnemental de la fast fashion et non pas uniquement de l’ultra fast fashion.

Ce projet de loi a rapidement suscité de vifs débats, le texte a donc été revu et assoupli pour être finalement adopté le mardi 11 juin avec 337 voix pour 1 voix contre. On ne parle plus de fast fashion mais d’ultra fast fashion.

La France, premier pays à adopter une loi anti ultra fast fashion ?

Même si le texte a été adopté au Sénat, il n’est pas encore définitivement en vigueur. Pour que la loi soit appliquée, il faut qu’un accord final soit trouvé entre les députés et les sénateurs lors d’une commission mixte paritaire (CMP), prévue pour l’automne 2025.

En parallèle, la Commission européenne a été officiellement notifiée : elle pourra formuler des observations ou des objections sur certaines dispositions du texte, notamment sur la compatibilité avec le droit européen ou les règles du marché intérieur. Cette étape est déterminante car elle conditionne l’entrée en application réelle de la loi et pourrait, selon les remarques de Bruxelles, conduire à des ajustements.

Ce que prévoit concrètement cette proposition de loi anti ultra fast fashion

La proposition de loi en première lecture adoptée par le Sénat ce mardi 11 juin vise à freiner le modèle ultra fast fashion en France par plusieurs mesures clés :

Interdiction de la publicité : Les marques identifiées comme ultra fast fashion ne pourront plus faire de publicité en France y compris via les influenceurs ou les réseaux sociaux. Le risque : une amende de 100 000 euros maximum.

Taxe sur les colis de moins de 2 kilos : Les colis expédiés à des particuliers par des entreprises situées hors de l’Union européenne seront taxés entre 2 et 4 euros.

Bonus-malus : mise en place d’un système de bonus-malus environnemental : les acteurs de l’ultra fast fashion se verront appliquer un malus, sous forme de taxes progressives pouvant atteindre jusqu’à 10 € par article dès 2030 dans la limite de 50% du prix de vente hors taxe. 

Sensibilisation du consommateur sur son impact environnemental : Les sites ultra fast fashion devront afficher sur leur site internet des informations (à proximité du prix de vente des articles) notamment sur leur impact social, environnemental, l’origine géographique de fabrication du vêtement.

Les sites visés devront également encourager la sobriété, le réemploi, la réparation, la réutilisation et le recyclage des produits

A nous de changer notre façon de consommer la mode

Cette loi représente un réel espoir pour la planète, mais aussi pour les artisans, les créateurs et toutes celles et ceux qui font vivre un savoir-faire local et authentique. C’est une invitation à ralentir, à consommer autrement, à redonner du sens à nos achats.

À nous, désormais, de faire des choix éclairés. Choisir la qualité plutôt que la quantité, soutenir les marques qui produisent avec respect et engagement, valoriser les créateurs français qui travaillent avec passion. Il est temps de sortir du cercle infernal des achats compulsifs, dictés par des tendances éphémères, pour entrer dans une démarche plus réfléchie.

Réparer au lieu de jeter, échanger, prêter, chiner, transmettre : la seconde main, le troc ou encore la location de vêtements restent des solutions pour envisager plus sereinement l’avenir de notre planète. Elles redonnent de la valeur aux objets, de la mémoire à notre façon de consommer, et surtout, elles ouvrent la voie à une mode plus humaine et plus durable.

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D’ailleurs, comment on consommait la mode avant l’arrivée de la fast fashion ?

On achetait beaucoup moins souvent, nos dressings ne débordaient pas de fringues ! Pas besoin de posséder 15 jeans, 30 tops, 10 blazers ou 5 manteaux, ce n’était pas la quantité qui comptait mais la qualité, le plaisir de porter de belles pièces, bien coupées et pensées pour durer. On privilégiait les vêtements stylés pour sublimer notre allure et non pour ressembler à un sac …

Pour faire notre shopping, on allait dans des grands magasins emblématiques comme les Galeries Lafayette, Le Printemps, Prisunic ou encore les Dames de France, où l’on trouvait une sélection variée de marques françaises et internationales. Les petites boutiques multimarques étaient de véritables repaires de pièces originales et de coups de coeur.

C’était aussi une époque où la mode se vivait autrement : on n’achetait pas sur un coup de tête, mais avec un vrai temps de réflexion. Réparer un vêtement abîmé, le customiser ou le transmettre étaient des gestes naturels, parce qu’on attachait une vraie valeur à ce que l’on portait. La mode, avant tout, c’était une histoire de style personnel, pas de consommation effrénée.

Nostalgie ….

12 marques françaises responsables à soutenir

À l’inverse, de nombreuses marques françaises engagées montrent qu’un autre modèle est possible : plus lent, plus propre, plus juste. En voici 12 à découvrir :

1083 : des jeans et vêtements pour hommes et femmes conçus à moins de 1083 km de chez vous, 100 % made in France,

Loi anti ultra fast fashion – Crédit photo 1083.fr

Maison Izard : Maison Izard valorise un savoir-faire ancestral en créant des vêtements et accessoires fabriqués en France, entre le Tarn et les Pyrénées-Atlantiques, à partir de matières naturelles, notamment la laine locale collectée, filée et tissée dans les régions voisines.

Atelier TIKET : Marque française de vêtements engagée dans une mode durable, transparente et entièrement fabriquée en France, chaque pièce est conçue en utilisant exclusivement des matières naturelles, recyclées ou certifiées. L’atelier mise sur des collections courtes, sans surproduction et une confection locale, principalement dans les Hauts-de-France.

Danielle Engel : La marque Danielle Engel s’engage pour une mode éthique et responsable. Toutes ses collections sont conçues et fabriquées en France, principalement dans la région Occitanie, dans des ateliers respectant des conditions de travail équitables. N’hésitez pas à aller la rencontrer dans sa boutique située 17, rue de la croix d’or à Montpellier.

Loi anti ultra fast fashion Crédit photo danielleengel.com

Maison Solfin : Maison Solfin perpétue un savoir-faire textile artisanal et responsable depuis 1930. Spécialisée dans les mailles élégantes et intemporelles, elle conçoit et fabrique tous ses vêtements en France, dans ses propres ateliers en privilégiant les matières naturelles comme le coton biologique, le lin ou la laine mérinos.

Sevenlie Paris : 100% des collections Sevenlie sont fabriquées en France. Les vêtements présents dans les collections sont imaginés, mis au point, et produits en France à Paris. 

Saint James : Réputée pour ses iconiques marinières et pulls marins, Saint James incarne le savoir-faire traditionnel et l’élégance à la française. Tous ses vêtements sont fabriqués en France, dans son atelier historique près du Mont-Saint-Michel, avec un soin particulier apporté à la qualité des matières (laine, coton) et à la durabilité.

Lemahieu : Spécialisée dans les sous-vêtements, t-shirts et vêtements basiques du quotidien, Lemahieu fabrique 100 % de ses produits en France, dans ses propres ateliers. Elle valorise un savoir-faire rare, une production éthique et l’utilisation de matières écologiques (coton bio, fibres recyclées, etc.).

Missegle : Missegle est une marque française basée dans le Tarn, spécialisée dans la confection de vêtements et chaussettes en fibres naturelles (mohair, mérinos, cachemire, lin) haut de gamme. Depuis sa création, elle défend une production 100 % française, éthique et locale, dans ses propres ateliers situés à Burlats, près de Castres.

Le Minor : Le Minor est une maison française emblématique, fondée en 1922 en Bretagne, à Guidel. Spécialisée dans le tricot et le vêtement marin, elle perpétue un savoir-faire textile traditionnel avec des pièces entièrement fabriquées en France, dans ses propres ateliers.

marinière femme fabriquée en France

Loi anti ultra fast fashion – Crédit photo leminor.fr

Thelma & Rose : Chaque collection Thelma & Rose est imaginée à Paris et fabriquée en France, en petites séries, dans le respect de l’humain et de l’environnement. La marque privilégie des matières naturelles ou certifiées, comme le coton bio ou l’Ecovero™.

Asphalte : Asphalte fonctionne selon un modèle en précommande, ce qui lui permet de produire uniquement ce qui est nécessaire, en évitant les surplus et le gaspillage. Les pièces sont conçues en Europe.

Cette liste est non exhaustive, d’autres marques, parfois plus discrètes, méritent aussi d’être découvertes pour leur engagement en faveur du made in France.

Conclusion : Nouvelle loi anti ultra fast fashion du 10 juin 2025, ce qui va changer

Si elle est appliquée avec rigueur, cette loi pourrait freiner la surconsommation, rééquilibrer la concurrence entre marques éthiques et géants du jetable et offrir un avenir plus viable à l’industrie textile française. Elle pourrait aussi, à son échelle, contribuer à préserver les ressources de la planète, réduire les déchets et redonner du sens au vêtement.

Alors oui, espérons que cette loi soit un point de départ vers une mode plus respectueuse, plus locale, plus durable. Pour nous, pour nos enfants et pour toutes les générations à venir.

Et vous ? Que pensez-vous de cette proposition de loi anti ultra fast fashion ?

Dites-moi tout en commentaire, je souhaiterais connaître votre avis et échanger avec vous sur ce sujet.

Muxu

Sandrine

6 Commentaires

  1. Agnès MAZZOCCO
    16 juin 2025 / 17 05 34 06346

    Merci pour votre article, je pense tout comme vous que c’est une excellente chose !

    • Sandrine
      Auteur/autrice
      24 juin 2025 / 16 04 25 06256

      Merci Agnès, on croise les doigts que cette loi soit rapidement appliquée… il est grand temps ! bonne fin de journée.

  2. Michele
    16 juin 2025 / 0 12 34 06346

    Bravo pour votre article..concis et documenté il fait le point sur cette nouvelle loi. qui j’espère sera vite appliquée..lorsque je me promène dans ma petite ville je suis désespérée par le désarroi des petits commerçants…quelle société voulons nous?..lorsque j’étais plus jeune et que nous allions dans la grande ville proche( Toulouse pour ne pas la citer) nous étions très attentifs à notre tenue car les gens dans la rue étaient élégants …aujourd’hui ce n’est plus tout à fait le cas et ce n’est pas qu’une question d’argent….

    • Sandrine
      Auteur/autrice
      24 juin 2025 / 16 04 30 06306

      Hello Michèle, je suis du même avis que vous … non ce n’est pas qu’un question d’argent … l’élégance à la française a du souci à se faire … en tout cas, ça me désole … nul besoin de porter une robe de soirée et des escarpins, juste une jolie tenue moderne qui nous valorise, une allure soignée et le tour est joué … comment être élégante avec des matières minables, des coupes qui ressemblent à un sac, bref ! acheter moins mais acheter mieux, une philosophie de consommation que nous devons absolument adopter…

  3. Isabelle
    15 juin 2025 / 18 06 10 06106

    Merci pour cette information ! dans les marques françaises je suis adepte de Missègle qui propose des articles de qualité, durables et mode. Super d’en connaître d’autres grâce à toi Sandrine.

    • Sandrine
      Auteur/autrice
      24 juin 2025 / 16 04 31 06316

      Hello Isabelle, avec grand plaisir ! c’est super de pouvoir faire découvrir de belles marques françaises qui sont respectueuses de la planète et de l’humain. bises.

Laissez un commentaire, je vous répondrai avec plaisir !

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